Damien

Pourquoi je préfère chasser seul en forêt

Laissez-moi vous confier quelque chose. Après quarante ans derrière le comptoir de mon armurerie et presque autant dans les bois, j’ai développé une préférence marquée pour la chasse en solitaire. Pas par misanthropie, non, mais pour une foule de raisons que je vais partager avec vous.

La liberté totale du chasseur solitaire

Quand je pars seul en forêt, c’est ma propre cadence que je suis. Pas besoin d’attendre un compagnon qui traîne ou de presser le pas pour quelqu’un d’impatient. Je me souviens de cette traque d’octobre dernier où j’ai passé trois heures immobile au pied d’un chêne centenaire, à attendre un cerf que j’avais repéré la veille. En groupe, quelqu’un aurait craqué et fait du bruit, c’est certain!

La solitude me permet de choisir mon secteur et de changer de stratégie à tout moment. Si je sens que le coin n’est pas bon, je déplace mon affût sans devoir convaincre personne. Cette flexibilité est précieuse quand on connaît le caractère imprévisible du gibier.

Voici les avantages majeurs que je trouve à chasser en solo :

  • Une discrétion absolue, sans bavardages ni bruits parasites
  • La liberté de rester des heures au même endroit si nécessaire
  • Aucun compromis sur l’heure de départ ou de retour
  • Le plaisir de se concentrer uniquement sur son instinct
  • Une connexion plus profonde avec la nature environnante

Ce que j’entends vraiment quand je chasse seul

En compagnie, on parle souvent du silence en forêt. Quelle blague ! La forêt n’est jamais silencieuse pour qui sait l’écouter. Seul, mes sens sont décuplés. J’entends le craquement caractéristique d’une brindille à cinquante mètres, je distingue le froissement des feuilles par un sanglier de celui d’un chevreuil.

L’année dernière, lors d’une sortie en solitaire, j’ai repéré un magnifique brocard uniquement à l’oreille, bien avant de l’apercevoir. Il broutait tranquillement à plus de cent mètres, masqué par les buissons. Si j’avais été accompagné, jamais je n’aurais capté ces subtilités sonores.

Quand vous êtes seul, vous développez une sensibilité aux bruits de la forêt que rien ne peut remplacer. C’est comme apprendre une nouvelle langue : celle des bois et de ses habitants.

Type de bruit Ce qu’il signifie généralement
Craquement sec, isolé Grand gibier posant le pied avec précaution
Frottement continu dans les broussailles Sanglier en mouvement ou chevreuil au gagnage
Battement d’ailes soudain Gibier d’eau dérangé ou geai alertant de votre présence
Petit bruit de fouille Rongeur ou bécasse picorant le sol

Seul face à soi-même et ses compétences

Chasser en solitaire, c’est se confronter à ses propres limites et capacités. Pas de partenaire pour vous indiquer où tirer, pour vous rassurer sur la direction à prendre ou pour vous aider à porter votre prise. Tout repose sur vos épaules.

Je me rappelle cette mémorable journée de novembre où, après avoir abattu un sanglier de 85 kilos à plus d’un kilomètre de mon véhicule, j’ai dû faire preuve d’ingéniosité pour le ramener. J’ai improvisé un traîneau avec des branches et une corde que je garde toujours dans mon sac. Ces moments d’improvisation et d’autosuffisance forgent le caractère d’un vrai chasseur.

La chasse en solitaire vous oblige à maîtriser parfaitement :

  1. Votre orientation en forêt, sans compter sur les autres
  2. Les techniques de tir, car chaque balle doit être décisive
  3. La préparation du gibier sur place, souvent sans aide
  4. La gestion de votre énergie et de votre matériel

Au fil des années passées à manipuler et conseiller toutes sortes d’armes dans mon armurerie, j’ai appris que la chasse solitaire révèle la vraie nature du chasseur. Elle exige rigueur, patience et humilité face aux éléments. Ces qualités, je les vois dans les yeux des vrais passionnés qui franchissent la porte de ma boutique, ceux qui savent qu’une belle journée de chasse ne se mesure pas au tableau, mais à l’intensité de l’expérience vécue.

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