Armi di prova

Ce que j’ai compris sur le respect en partageant une battue avec des anciens

Quand j’ai commencé dans le métier, j’étais comme vous tous, pressé de tirer, impatient de faire mes preuves. Puis un jour, mon vieux père m’a traîné à une battue avec des chasseurs qui avaient l’âge de leurs fusils Darne – et croyez-moi, ces armes-là ont vu passer quelques saisons! Cette journée a changé ma vision du respect à jamais.

Le rituel matinal qui forge l’esprit d’équipe

C’était un matin de novembre, le genre où la brume s’accroche aux arbres comme un voile. J’avais rejoint un groupe d’anciens pour une battue aux sangliers dans les bois de l’Ardèche. Ces hommes-là ne se précipitent jamais, ils prennent le temps de faire les choses correctement. Premier choc pour le jeune loup que j’étais!

Avant même de sortir les armes des étuis, Marcel, le doyen avec ses 78 printemps, a réuni tout le monde en cercle. Pas pour parler tactique, non. Pour partager un café et établir ce lien invisible mais essentiel entre les hommes qui vont chasser ensemble. J’ai compris ce jour-là que la battue commence bien avant le premier coup de feu.

Voyez-vous, dans mon armurerie, je reçois souvent des jeunes qui veulent le dernier fusil semi-auto avec viseur point rouge. Mais savez-vous ce que je leur dis? Qu’une arme ne fait pas le chasseur. Ce sont les valeurs qu’on porte en bandoulière qui font la différence.

Le respect en battue se manifeste d’abord par ces petits gestes:

  • Arriver à l’heure, voire en avance
  • Écouter attentivement les consignes du chef de battue
  • Vérifier son arme discrètement, sans étalage
  • Proposer son aide aux plus âgés pour porter le matériel
  • Poser des questions avec humilité

Savoir tenir sa place au poste assigné

Second enseignement: la discipline de poste n’est pas une contrainte mais une marque de respect envers le collectif. Ce jour-là, j’ai été placé à côté de Robert, un ancien garde-chasse de 72 ans. Pendant que nous attendions en silence, j’ai remarqué qu’il ne bougeait pratiquement pas, économisant chaque mouvement.

« Les jeunes aujourd’hui bougent trop », m’a-t-il chuchoté sans quitter des yeux la trouée devant nous. « Le gibier nous entend bien avant de nous voir. Le respect, c’est aussi respecter sa présence. »

Une leçon que j’applique désormais dans mon armurerie: chaque arme mérite d’être manipulée avec la même attention respectueuse qu’un animal mérite d’être approché. Pas de gestes brusques, pas de bruit inutile.

Voici comment les anciens m’ont appris à tenir mon poste:

  1. Repérer les postes voisins avant tout
  2. S’installer sans perturber l’environnement
  3. Rester attentif aux sons de la forêt
  4. Ne jamais quitter son poste avant la fin de battue

L’héritage des gestes qui se transmettent

Le moment le plus marquant fut peut-être après le tir. Un sanglier avait été prélevé, et j’ai assisté à un véritable cérémonial. La façon dont ces anciens ont honoré l’animal était empreinte d’un respect presque sacré.

Je n’oublierai jamais les mains calleuses de Jean-Pierre, 75 ans, arrangeant délicatement une branche dans la gueule du sanglier. « On honore celui qui a donné sa vie », m’a-t-il simplement dit. Ce n’était pas de la superstition, mais une forme profonde de gratitude.

Les gestes traditionnels Leur signification
La branche dans la gueule Honorer le gibier prélevé
Le partage de la venaison L’équité entre chasseurs
Le salut aux chiens Reconnaissance du travail accompli
Le verre partagé Célébration collective du succès

Dans mon métier d’armurier, je vois chaque jour à quel point ces traditions se perdent avec la course aux équipements sophistiqués. Pourtant, ce respect ancestral vaut toutes les lunettes thermiques du monde.

Les leçons qui restent gravées

Cette journée m’a transformé. Aujourd’hui, quand un jeune franchit la porte de mon armurerie pour sa première carabine, je lui parle certes de calibres et de portées, mais surtout de ce que j’ai appris ce jour-là: le respect ne s’achète pas, il se cultive au contact des anciens.

La vraie leçon de cette battue n’était pas dans les tirs ou les prises, mais dans ces moments partagés où l’expérience des uns nourrit l’enthousiasme des autres. Le vrai chasseur n’est pas celui qui tire le plus, mais celui qui sait écouter le bruissement des feuilles autant que les conseils des aînés.

Alors, jeunes amis qui me lisez, avant de viser votre premier gibier, visez d’abord le respect que vous portez à ceux qui vous ont précédés sur ces chemins forestiers. C’est peut-être la plus belle des cartouches que vous porterez jamais.

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