Ma première battue au sanglier : ce que je croyais... et la peur que je n'avais pas prévue

Damiano

Ma première battue au sanglier : ce que je croyais… et la peur que je n’avais pas prévue

La première battue au sanglier reste gravée dans ma mémoire comme si c’était hier. Après quarante ans derrière le comptoir de mon armurerie, j’ai entendu des centaines de récits de premières chasses, mais rien ne prépare vraiment à vivre la sienne. Laissez-moi vous raconter comment mes certitudes se sont envolées face à cette expérience unique.

Les idées reçues sur la battue au sanglier

Avant ma première battue, je pensais tout savoir. J’avais manipulé des centaines de fusils, conseillé d’innombrables chasseurs et écouté leurs récits pendant des heures. Cette confiance théorique s’est rapidement transformée en humilité face au terrain. La réalité dépasse toujours la fiction, surtout dans les sous-bois.

Je me souviens avoir pensé que le plus difficile serait de viser juste. Quelle erreur ! La précision n’est qu’une infime partie de l’équation. La véritable difficulté réside dans l’attente, la vigilance constante et la gestion de son corps qui s’engourdit progressivement.

Autre idée reçue : le bruit. Vous imaginez une forêt en ébullition, des chiens qui aboient sans cesse, des traqueurs qui crient. La réalité? De longs moments de silence absolu où chaque craquement fait bondir votre cœur. Ces instants de calme total où vos sens sont en alerte maximale créent une tension incroyable que personne ne m’avait décrite.

Voici les mythes les plus courants que je démystifie régulièrement dans mon armurerie :

  • Le sanglier vous charge systématiquement
  • Un chasseur expérimenté ne ressent jamais de stress
  • L’équipement coûteux garantit le succès
  • La chance est plus importante que la technique

Quand la peur s’invite à la chasse

Personne ne m’avait prévenu pour la peur. Pas celle des films d’horreur, mais cette appréhension sourde qui monte lentement quand le premier coup de feu retentit au loin. C’était lors de ma première battue dans les Ardennes, un froid matin de novembre 1985.

J’étais posté près d’un chêne centenaire, mon Winchester tout neuf serré contre moi. Les traqueurs venaient de démarrer à l’autre bout du bois. Et soudain, le temps s’est étiré. Chaque minute semblait durer une heure, chaque bruissement de feuilles déclenchait une montée d’adrénaline incontrôlable.

Cette peur n’est pas honteuse, elle est naturelle. Elle aiguise vos sens, vous rend plus attentif. Au fil des années, j’ai appris à l’apprivoiser, à en faire une alliée. Je raconte souvent à mes clients novices comment mes jambes tremblaient tellement lors de cette première battue que j’ai dû m’asseoir sur une souche!

Un tableau comparatif des réactions courantes lors d’une première battue :

Symptôme Cause Comment gérer
Tremblements Montée d’adrénaline Respiration profonde, position stable
Vision tunnelisée Stress intense Balayer régulièrement du regard
Bouche sèche Anxiété Hydratation avant le poste

Les leçons inattendues du terrain

Cette première expérience m’a appris bien plus que toutes mes années derrière le comptoir. La théorie s’efface devant la pratique, et le terrain devient le meilleur des professeurs. Je m’en suis rendu compte quand ce premier sanglier est apparu devant moi.

Il ne correspondait en rien à l’image mentale que je m’étais faite. Plus rapide, plus silencieux malgré sa taille. Un éclair noir entre les fougères. Le temps de réaliser, il était déjà passé. Mon tir, trop tardif, s’est perdu dans les bois.

Cette journée m’a enseigné l’humilité. Depuis, je conseille différemment mes clients. Je les prépare moins à l’aspect technique et davantage à l’expérience émotionnelle qui les attend. Car la chasse n’est pas qu’une question de précision ou d’équipement.

Voici les étapes d’apprentissage que j’ai identifiées, par ordre chronologique :

  1. La préparation théorique (indispensable mais insuffisante)
  2. Le choc de la première confrontation avec la réalité du terrain
  3. L’adaptation progressive et l’apprivoisement de ses émotions
  4. Le développement d’une intuition de chasseur

Si je pouvais remonter le temps et me donner un conseil avant cette première battue, ce serait simple : « Accepte de ne pas être prêt, c’est normal. » La chasse s’apprend par expérience, pas dans les livres ni même dans une armurerie, aussi passionné soit l’armurier qui vous conseille!

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