L’article en bref
Le général Marcel Bigeard incarne un héritage militaire français complexe mêlant exploits et controverses historiques.
- Né en 1916, cet ancien employé de banque devient l’un des militaires français les plus décorés
- Sa carrière exceptionnelle le mène de l’Indochine à l’Algérie, gravissant tous les échelons jusqu’au grade de général
- Connu pour sa résilience, il s’évade après trois tentatives lorsqu’il est fait prisonnier en 1940
- Son implication dans la guerre d’Algérie reste entachée par des accusations de torture qu’il a toujours niées
Le sujet du moment : le **Général Marcel Bigeard** ! Un nom qui résonne dans mon armurerie presque aussi fort qu’un coup de fusil MAS 36 ! Je connais bien cette figure militaire – impossible de s’intéresser aux armes et à l’histoire militaire française sans croiser son parcours. Laissez-moi vous raconter qui était ce personnage hors norme que certains vénèrent et d’autres contestent.
Un soldat de la nation aux multiples facettes
Né le 14 février 1916 à Toul, Marcel Bigeard était loin d’être destiné à une carrière militaire prestigieuse. Simple employé de banque avant la guerre, il effectue son service militaire en 1936. Je me souviens avoir discuté avec un ancien para qui l’avait côtoyé et qui m’a raconté comment Bigeard aimait rappeler ses humbles débuts pour motiver ses hommes.
Fait prisonnier en 1940, il s’évade à sa troisième tentative – quelle ténacité ! Voilà ce que j’appelle de la détermination. Après avoir rejoint l’Afrique, il est formé par les Britanniques aux techniques commando. Je garde dans ma collection personnelle un béret similaire à celui qu’il portait – un modèle qui inspire toujours respect et admiration chez mes clients collectionneurs.
Sa carrière est impressionnante : de l’Indochine à l’Algérie, en passant par l’Afrique, **Bigeard** gravit tous les échelons militaires jusqu’à devenir général de corps d’armée en 1974. Il termine sa carrière comme commandant de la 4e région militaire à Bordeaux avant de se lancer en politique.
Deux fois prisonnier de guerre
En Indochine, Bigeard connaît l’épreuve de la captivité après la chute de Dien Bien Phu le 7 mai 1954. Cette expérience, après son évasion réussie durant la Seconde Guerre mondiale, forge davantage son caractère déjà bien trempé. Comme je le dis souvent aux jeunes qui visitent mon armurerie : la résilience d’un homme se mesure à sa capacité à se relever après l’échec.
Un héros de la guerre d’Indochine
En octobre 1952, parachuté sur Tu Lé pour ralentir l’avancée Vietminh, Bigeard confirme ses talents tactiques. Puis le 16 mars 1954, il est à nouveau parachuté, cette fois sur Dien Bien Phu, où il coordonne les unités d’intervention. J’ai eu entre les mains un jour un vieux pistolet MAC 50 qui aurait appartenu à un officier ayant servi sous ses ordres – ces armes racontent aussi l’histoire de nos soldats.
Des tentatives d’évasion
L’esprit rebelle de Bigeard s’illustre par ses trois tentatives d’évasion en 1940-1941. Cette détermination deviendra sa marque de fabrique tout au long de sa carrière. Quand mes clients me demandent ce qui fait un bon soldat, je leur réponds souvent que c’est cette même persévérance face à l’adversité.
Bigeard : un homme controversé
Si la carrière militaire de Bigeard force le respect, certains aspects de son parcours soulèvent des questions. La guerre d’Algérie a laissé des traces douloureuses, et le nom de Bigeard y reste associé à des pratiques contestées. Dans mon métier, j’ai appris à regarder l’histoire militaire avec ses ombres et ses lumières.
L’expression « crevettes Bigeard » désigne les cadavres de combattants algériens jetés à la mer depuis des hélicoptères. Le général Massu, son supérieur en Algérie, a témoigné l’avoir vu utiliser la « gégène » (générateur électrique) pour torturer. Ces méthodes ont été justifiées comme « un mal nécessaire » dans le contexte de guerre révolutionnaire.
Voici comment Bigeard a été impliqué dans la guerre d’Algérie :
- Commandant du 3e régiment de parachutistes coloniaux d’octobre 1955 à 1960
- Participant à la bataille d’Alger en 1957 (janvier-mars puis juillet-septembre)
- Commandant du secteur de Saïda jusqu’en 1960
Toute sa vie, Bigeard a nié avoir personnellement pratiqué la torture, malgré de nombreux témoignages contraires. Je me souviens d’un vétéran d’Algérie qui venait souvent dans mon armurerie et qui restait silencieux quand on évoquait ces sujets – certaines blessures ne guérissent jamais vraiment.
La « gégène » et les controverses
Bigeard a tenu des propos ambigus sur l’usage de la « gégène », déclarant dans Le Figaro du 23 novembre 2000 que « Massu l’a essayée sur lui. Cela ne l’a pas tué ni mutilé. C’est vrai, cela provoque un choc, et donc cela pouvait aider à délier les langues ». Des déclarations qui continuent d’alimenter les débats sur son rôle durant cette période sombre.
Le doute subsiste après sa mort
Décédé le 18 juin 2010 à Toul, sa ville natale, Bigeard laisse un héritage complexe. La récente installation d’une statue à Toul en octobre 2024 a ravivé les polémiques. Haute de 2,50 mètres et réalisée par Boris Lejeune, elle représente le général en marche, coiffé du béret de para qui est devenu son symbole.
Distinctions | Carrière politique |
---|---|
Grand-croix de la Légion d’honneur | Secrétaire d’État à la Défense (1975-1976) |
25 citations, 4 blessures | Député de Meurthe-et-Moselle (1978-1988) |
Distinguished Service Order britannique | Président de la commission de défense |
L’héritage durable d’un militaire d’exception
Malgré les controverses, Marcel Bigeard reste l’un des militaires français les plus décorés. Son influence sur l’armée française moderne est indéniable. Dans mon armurerie, je vois régulièrement des jeunes passionnés d’histoire militaire qui s’intéressent à son parcours exceptionnel.
Auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur sa carrière militaire, parrain de la 50e promotion de l’École Militaire InterArmes (2010-2012), sa légende s’est construite autour de son image de chef charismatique et de combattant déterminé.
Je dois vous avouer que c’est justement cette ambivalence qui rend son histoire si fascinante. Comme les armes que je vends, Bigeard est à la fois un outil de défense pour certains et un symbole controversé pour d’autres. L’histoire nous rappelle que rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.
Son nom reste inscrit dans la pierre et le métal : plusieurs rues et avenues portent son nom en France, une plaque commémorative orne sa maison natale à Toul. Et maintenant, sa statue défie le temps et les polémiques, tout comme son souvenir continue de diviser l’opinion publique française.
Pour les amateurs d’histoire militaire qui fréquentent mon armurerie, Bigeard représente un chapitre incontournable de notre passé militaire – un chapitre que nous devons lire avec attention, sans occulter aucune de ses pages.