L’essentiel à retenir : contrairement à une confusion fréquente, le T-28 Trojan n’a jamais servi dans la Marine nationale française. L’Armée de l’Air en fut l’unique utilisateur opérationnel via le T-28S Fennec, une version spécifiquement modifiée par Sud-Aviation pour la contre-insurrection en Algérie. Ces 148 appareils furent transformés d’avions d’entraînement en redoutables plateformes d’appui-feu au sol.
L’association récurrente entre le t28 marine nationale relève d’une confusion historique, puisque l’aéronautique navale française n’a jamais exploité cet appareil en opérations. Cette analyse technique clarifie le rôle exclusif du T-28S Fennec au sein de l’Armée de l’Air et détaille les différences structurelles avec les versions navales américaines. L’étude des registres militaires permet de comprendre pourquoi la France a limité l’usage de cet avion à la contre-insurrection terrestre plutôt qu’à l’appontage.
- Le T-28 Trojan : un avion américain sous cocarde française
- Le T-28S Fennec : la version modifiée pour l’armée de l’air
- Le lien indirect entre le T-28 et la marine nationale
- Héritage et présence actuelle du T-28 en France
Le T-28 Trojan, souvent associé à tort à la Marine Nationale, a servi exclusivement sous les couleurs de l’Armée de l’Air française durant la guerre d’Algérie. Cet avion d’entraînement américain, modifié en chasseur de contre-insurrection nommé « Fennec », n’a jamais équipé l’aéronautique navale française, contrairement à une idée reçue tenace.
Réponse rapide : Non, la Marine Nationale n’a jamais utilisé le T-28. Seule l’Armée de l’Air a exploité une version modifiée, le T-28S Fennec, pour des missions d’appui au sol.
Le T-28 Trojan : un avion américain sous cocarde française
Origine et caractéristiques du North American T-28
Le T-28 Trojan constitue un avion d’entraînement militaire développé par le constructeur North American Aviation. Cet appareil se distingue par son imposant moteur radial et une architecture robuste. L’US Air Force et l’US Navy l’ont mis en service actif dès le début des années 1950.
La production initiale concerne le T-28A destiné à l’USAF, propulsé par un moteur de 800 ch. Le *T-28B, conçu pour l’US Navy*, offre une puissance supérieure atteignant 1 425 ch. Enfin, le T-28C représente la variante navale spécifique, équipée d’une crosse pour l’entraînement à l’appontage.
Sa grande robustesse et sa polyvalence structurelle ont favorisé son exportation massive. Ces qualités techniques ont permis des modifications radicales par plusieurs nations, dont la France.
L’acquisition par la France : un besoin opérationnel précis
La France a acquis des T-28 pour des missions de contre-insurrection, non pour l’entraînement. Ce besoin stratégique surgit durant la guerre d’Algérie vers la fin des années 1950. L’appareil devait assurer l’appui feu immédiat dans les zones de conflit.
Les autorités françaises ont sélectionné des cellules de T-28A d’occasion provenant des stocks de l’USAF. L’entreprise américaine Pacific Airmotive a servi d’intermédiaire logistique pour cette transaction. Une fois en France, ces avions ont subi une refonte technique majeure dans les ateliers de Sud-Aviation.
Cette version lourdement modifiée a reçu la désignation officielle de T-28S Fennec. Elle fut exclusivement adaptée aux exigences opérationnelles de l’Armée de l’Air.
Clarification : armée de l’air et non marine nationale
L’opérateur unique du Fennec sur le territoire français fut l’Armée de l’Air, sans exception notable. La requête t28 marine nationale relève d’une erreur historique fréquente chez les amateurs. Aucun escadron naval n’a exploité cet appareil en opération.
La Marine Nationale n’a jamais intégré le T-28 dans son parc aérien, que ce soit pour l’école ou le combat. Les flottilles de l’aéronautique navale utilisaient alors des modèles différents. Leurs missions spécifiques requéraient des vecteurs distincts du Fennec.
Cette confusion provient souvent de l’existence des versions navales américaines T-28C ou des T-28P argentins. Ces derniers possédaient des crosses d’appontage absentes sur les modèles français. Le lien avec la marine française reste donc techniquement inexistant.
Le T-28S Fennec demeure une spécificité de l’Armée de l’Air, transformé par Sud-Aviation pour les conflits asymétriques en Afrique du Nord. Bien que dérivé d’un avion d’entraînement naval américain, il n’a jamais porté les couleurs de la Marine Nationale. Cette distinction historique corrige une erreur fréquente d’attribution.
Le T-28S Fennec : la version modifiée pour l’armée de l’air
Les modifications techniques opérées par Sud-Aviation
Sud-Aviation a orchestré une métamorphose radicale sur la cellule d’origine pour répondre aux besoins français. Le modeste moteur Wright R-1300 initial a cédé sa place au puissant Wright R-1820-97 suralimenté.
Ce bloc moteur, développant 1 200 ch, provenait directement des stocks de bombardiers B-17. Une telle cavalerie devenait indispensable pour assurer les missions d’attaque au sol avec une charge utile conséquente.
D’autres ajustements techniques ont transformé l’avion d’entraînement en véritable guerrier :
- Installation de blindages latéraux pour la survie de l’équipage.
- Intégration d’un collimateur de visée spécifique.
- Renforcement structurel pour supporter les charges externes.
Un avion d’appui-feu redoutable en Algérie
Le T-28S Fennec s’est imposé comme la clé de voûte de l’appui aérien rapproché et de la contre-insurrection. Entre 1959 et 1962, l’armée a déployé 148 appareils modifiés sur le théâtre nord-africain.
Ces appareils opéraient exclusivement depuis des pistes terrestres sommaires. Leurs missions incluaient la surveillance armée, la protection des convois et la destruction des positions adverses.
Cette conversion a marqué l’histoire de l’aviation militaire française :
« Conçu pour l’entraînement, le Trojan a été transformé en France en une redoutable plateforme d’appui-feu, prouvant sa polyvalence dans les rudes conditions du conflit algérien. »
Comparaison : T-28A d’origine vs T-28S Fennec
Un coup d’œil aux spécifications révèle l’ampleur de l’évolution technique entre le modèle américain standard et la version française lourdement modifiée.
| Características | North American T-28A | Sud-Aviation T-28S Fennec |
|---|---|---|
| Rôle principal | Formación | Appui-feu / Contre-insurrection |
| Moteur | Wright R-1300-7 | Wright R-1820-97 |
| Potencia | 800 ch | 1 200 ch |
| Armement | Aucun | 4 points d’emport sous les ailes |
| Utilisateur français | Aucun | Armée de l’Air |
Le lien indirect entre le T-28 et la marine nationale
Le Fennec a marqué l’histoire de l’Armée de l’Air, mais une confusion persiste souvent concernant son rôle supposé dans la Marine Nationale. Il est temps de rectifier cette erreur fréquente en examinant les faits historiques.
Les versions navales du T-28 : le modèle américain
L’US Navy a commandé des versions spécifiques du Trojan pour ses propres besoins opérationnels. Le T-28B et le T-28C offraient une puissance bien supérieure au modèle A. Ces appareils répondaient aux exigences aéronavales.
Le T-28C se distingue par sa conception dédiée à l’entraînement sur porte-avions. C’est cette version spécifique qui a forgé l’image navale du Trojan aux États-Unis. Elle permettait de valider les qualifications embarquées.
Les modifications techniques du modèle C étaient indispensables pour les opérations en mer. L’ingénierie a dû adapter la cellule aux contraintes violentes des appontages. Voici les éléments distinctifs de cette variante :
- Crosse d’appontage renforcée pour la capture des brins d’arrêt.
- Hélice au diamètre réduit pour éviter de toucher le pont.
- Structure du train d’atterrissage consolidée pour supporter les chocs.
Le cas du T-28P de la marine argentine
La France a revendu ses T-28S Fennec après la fin de la guerre d’Algérie. L’un des principaux acheteurs fut l’Argentine pour équiper sa marine. L’Armada Argentina cherchait à renforcer ses capacités. Ces transactions ont débuté en 1964.
Les Fennec vendus à l’Argentine ont été modifiés pour opérer depuis un porte-avions. Ils ont reçu la désignation locale de T-28P après transformation technique. Ces ajustements permettaient l’appontage en toute sécurité.
Ces avions d’origine française ont donc bien eu une carrière navale active. Pourtant, cette histoire s’est écrite sous pavillon argentin, pas français.
Une absence dans les flottilles de l’aéronavale française
La Marine Nationale française n’a jamais intégré le T-28 dans ses unités opérationnelles. Le Fennec est resté une machine exclusive de l’Armée de l’Air. Aucune flottille française n’a exploité cet appareil. Cette distinction historique est fondamentale.
La formation des pilotes de l’aéronavale française reposait sur d’autres filières. Ils utilisaient des appareils différents pour leur qualification aéronautique.
Il existe une confusion fréquente entre l’origine française des avions argentins et leur utilisation réelle. L’histoire opérationnelle doit être rétablie avec précision.
Alors que l’US Navy formait ses pilotes à l’appontage sur T-28C, la Marine Nationale française n’a jamais eu le Trojan dans son inventaire pour ses porte-avions.
Héritage et présence actuelle du T-28 en France
La fin de carrière et la revente des Fennec
La carrière opérationnelle du Fennec sous les cocardes tricolores s’arrête net avec l’issue du conflit algérien en 1962. Cette configuration spécifique de contre-insurrection perd alors sa raison d’être stratégique immédiate pour l’armée française.
Face à ce surplus massif, le gouvernement français organise la liquidation du parc entre 1964 et 1967.
Ces cellules robustes trouvent rapidement preneurs à l’exportation pour équiper d’autres forces :
- Le Maroc, qui intègre ces appareils au sein de ses forces royales.
- L’Argentine, qui les adapte pour ses composantes aériennes et aéronavales.
Le T-28 Trojan, une star des meetings aériens
Aujourd’hui, le T-28 jouit d’une seconde vie spectaculaire en tant que « warbird » prisé. De nombreux passionnés et associations maintiennent ces machines historiques, toutes versions confondues, en parfait état de vol pour la postérité.
Vous croiserez souvent sa silhouette massive lors des rassemblements aériens en France et en Europe. Le vrombissement lourd de son moteur en étoile reste une signature sonore inoubliable pour le public.
On a pu l’admirer en démonstration dynamique lors du Touquet Air Show, ravissant les amateurs d’aviation ancienne.
Un symbole de la transition vers le jet
Le T-28 incarne l’apogée technologique des avions d’entraînement à pistons. Il marque la fin d’une époque industrielle avant la généralisation inéluctable de la propulsion à réaction pour la formation militaire.
D’ailleurs, l’USAF l’a retiré du cursus primaire dès le début des années 1960. L’avenir appartenait désormais aux jets comme le Cessna T-37, plus adaptés aux exigences du combat moderne.
Ce n’est pas juste un avion-école, mais un appareil transformé par la nécessité en guerrier. Sa présence actuelle dans notre ciel témoigne d’une page pivot de l’histoire aéronautique militaire.
Le T-28S Fennec constitue une adaptation spécifique du Trojan américain pour les besoins de contre-insurrection de l’Armée de l’Air en Algérie. Il est essentiel de distinguer cette utilisation opérationnelle des versions navales étrangères, la Marine Nationale n’ayant jamais exploité cet appareil. Devenu un « warbird » prisé, il témoigne aujourd’hui de cette histoire militaire singulière.
FAQ
La Marine nationale française a-t-elle utilisé le T-28 Trojan ?
Non, la Marine nationale n’a jamais intégré le T-28 Trojan ou sa version modifiée, le Fennec, dans ses flottilles opérationnelles. L’utilisateur exclusif de cet appareil en France fut l’Armée de l’Air. La confusion provient fréquemment de l’existence de versions navales américaines (T-28C) ou de l’utilisation ultérieure de Fennecs ex-français par l’aéronavale argentine.
Quelles sont les différences entre le T-28A américain et le T-28S Fennec ?
Le T-28A original était un avion d’entraînement de l’US Air Force doté d’un moteur de 800 ch. Le T-28S Fennec est une conversion réalisée par Sud-Aviation pour les besoins français : il est équipé d’un moteur beaucoup plus puissant (Wright R-1820 de 1 200 ch), d’un blindage pour l’équipage et de quatre points d’emport sous les ailes pour délivrer de l’armement, transformant l’avion-école en appareil d’attaque au sol.
Pourquoi associe-t-on souvent le T-28 aux opérations sur porte-avions ?
Bien que la France n’ait pas utilisé le T-28 sur ses porte-avions, l’avion possède une histoire navale importante ailleurs. L’US Navy a développé le T-28C, équipé d’une crosse d’appontage, pour former ses pilotes. De plus, une partie des Fennecs français a été revendue à l’Argentine et modifiée (version T-28P) pour opérer depuis le porte-avions ARA Independencia.
Quel fut le rôle opérationnel du T-28S Fennec durant la guerre d’Algérie ?
Le T-28S Fennec a été déployé pour des missions de contre-insurrection et d’appui aérien rapproché. Sa capacité d’emport (bombes, roquettes, mitrailleuses) et sa maniabilité à basse vitesse en faisaient une plateforme efficace pour la surveillance armée et la protection des troupes au sol, remplaçant les T-6 Texan moins puissants.



