Le jour où j’ai compris que viser juste ne suffit pas pour chasser juste

Damien

Le jour où j’ai compris que viser juste ne suffit pas pour chasser juste

Je me souviens comme si c’était hier de ce matin d’automne où j’ai compris que viser juste ne suffisait pas pour chasser juste. J’avais emmené mon neveu pour sa première battue aux sangliers. Le gamin était fier, carabine rutilante à l’épaule et œil vif comme une bille de verre. « Mon oncle, je cartonne à 100 mètres sur cible fixe ! » qu’il me disait. J’ai souri. Je savais ce qui l’attendait.

La précision n’est que le début du chemin

Dans mon armurerie, je vois défiler tous les types de chasseurs. Des novices aux vétérans, tous partagent cette même illusion au début : croire que bien tirer suffit pour bien chasser. La précision au stand de tir est aux compétences de chasse ce que la théorie est à la pratique – indispensable mais largement insuffisante.

Quand j’ai débuté, il y a plus de trente ans, je pensais comme eux. Un jour, mon vieux mentor m’a fait asseoir sur une souche après que j’ai raté un chevreuil à 50 mètres. « Petit, tu as les yeux d’un faucon et les mains d’un chirurgien. Mais la forêt n’est pas un stand de tir. »

Une chasse réussie exige bien plus que d’aligner correctement ses organes de visée. Elle nécessite :

  • Une lecture parfaite du terrain et de ses indices
  • Une connaissance approfondie du comportement animal
  • Une adaptation constante aux conditions météorologiques
  • Une gestion impeccable de ses émotions sous pression

La différence entre un tireur et un chasseur tient moins dans la justesse de son tir que dans sa capacité à comprendre quand ne pas tirer du tout. J’ai mis des années à l’intégrer pleinement.

L’alchimie entre l’arme et le chasseur

Revenons à mon neveu et sa première battue. À peine installés à notre poste, il s’impatientait déjà. Trop de mouvements, respiration saccadée. Je voyais bien qu’il était focalisé uniquement sur l’instant du tir, oubliant tout le reste.

Au stand, vous tirez dans des conditions idéales : posture stable, temps illimité, cible immobile. En forêt, c’est une autre histoire. La réussite d’un tir de chasse dépend d’une harmonisation parfaite entre votre équipement, votre technique et votre état d’esprit.

Voici comment se répartissent les facteurs de réussite selon mon expérience :

Facteur Impact sur la réussite (%)
Précision technique 30%
Connaissance du gibier 25%
Gestion du stress 20%
Adaptation au terrain 15%
Qualité de l’équipement 10%

Regardez bien ce tableau. Les débutants investissent souvent tout dans l’équipement et la précision, négligeant les 60% restants !

L’art de l’anticipation et de la patience

Le vrai chasseur ne tire pas sur ce qu’il voit, mais sur ce qu’il a prévu de voir. L’anticipation transforme un tireur précis en chasseur efficace. C’est elle qui vous permettra de vous préparer mentalement, d’adapter votre position et d’être prêt quand l’occasion se présentera.

Avec mon neveu, ce jour-là, un magnifique mâle est passé à 70 mètres. Il a tiré trop vite, sans anticiper la course de l’animal. Raté. Son visage s’est décomposé. « Mais j’ai visé juste ! » a-t-il protesté.

« Tu as visé où il était, pas où il allait être », lui ai-je expliqué doucement.

La chasse est un dialogue avec la nature, pas un monologue de tireur. Elle vous enseigne l’humilité mieux que n’importe quelle leçon. J’ai vu des champions de tir sportif se faire humilier par leur première sortie en battue, incapables d’intégrer le mouvement, le vent, l’imprévisibilité du gibier.

La patience n’est pas seulement une vertu, c’est une stratégie. Bien tirer en chasse, c’est parfois ne pas tirer du tout. C’est accepter que certains jours, vous rentriez bredouille mais plus sage.

Ce que je transmets à tous les jeunes qui franchissent la porte de mon armurerie, c’est que viser juste au stand est le début de l’apprentissage, jamais sa fin. Le vrai chasseur se révèle quand les conditions sont les moins favorables, quand la cible est fuyante, quand la pression monte.

La chasse nous enseigne l’humilité que les cibles de papier ne pourront jamais nous apprendre.

Leave a comment