Je me souviens encore de ma première expédition pour la chasse au gibier d’eau comme si c’était hier. Les premières lueurs de l’aube n’avaient pas encore percé l’horizon quand j’ai enfilé ma parka thermique et mes cuissardes. La température affichait -2°C, et le vent du nord me giflait le visage. Mais j’étais prêt, avec cette excitation particulière qui ne vous quitte jamais, même après 30 ans dans le métier.
Préparatifs essentiels pour une première chasse au gibier d’eau
Avant de vous lancer dans cette aventure unique, quelques préparatifs s’imposent. D’abord, l’équipement doit être pensé pour résister aux conditions extrêmes. Croyez-moi, quand vous restez immobile pendant des heures dans un froid humide, vos vêtements deviennent votre meilleure défense.
Dans mon armurerie, je conseille toujours à mes clients débutants d’investir dans un bon camouflage et des vêtements imperméables. Le gibier d’eau a une vue perçante. J’ai appris cette leçon à mes dépens lors de ma première sortie, quand une bande de canards a changé de direction après avoir repéré mon bonnet rouge vif!
Pour le choix de l’arme, un fusil calibre 12 reste la référence. Voici les critères essentiels à considérer :
- Une longueur de canon adaptée (au moins 71 cm)
- Des chokes interchangeables pour s’adapter aux conditions
- Une crosse imperméabilisée
- Un poids équilibré (entre 3 et 3,5 kg)
Le tableau ci-dessous vous aidera à choisir vos premières munitions en fonction du gibier ciblé :
Art des Wildes | Bourre | Plombs recommandés | Charge |
---|---|---|---|
Canards de surface | Jupe | 5 à 6 | 32 à 36 g |
Canards plongeurs | Jupe | 4 à 5 | 36 g |
Oies | Conteneur | 2 à 4 | 36 à 38 g |
L’attente et la patience, véritables arts de la chasse au marais
La chasse au gibier d’eau, c’est avant tout une affaire de patience. Je me rappelle avoir attendu plus de quatre heures sans bouger dans ma hutte avant d’apercevoir mon premier vol de sarcelles. Les sensations qui vous parcourent pendant ces longues heures d’attente sont indescriptibles – le froid qui s’insinue progressivement, les bruits du marais qui s’animent, et cette tension permanente.
N’oubliez pas que le silence est votre allié. Quand j’accompagne des novices, je leur apprends à communiquer par gestes. Un jour, dans les marais picards, un client a éternué au moment précis où un magnifique vol de colverts passait à portée – résultat: ils ont immédiatement changé de cap!
L’art de l’appeau demande aussi de la pratique. Avant d’en maîtriser les subtilités, j’ai fait fuir plus de canards que je n’en ai attirés! Commencez par observer les chasseurs expérimentés. Certaines modulations peuvent sembler simples mais exigent des heures de pratique pour sonner juste aux oreilles des oiseaux méfiants.
Le frisson unique du premier tir réussi
Rien ne vous prépare vraiment à cette sensation. Après des heures de froid et d’immobilité, quand les premiers canards se décident enfin à passer à portée, votre cœur s’emballe instantanément. Ce mélange d’adrénaline et de concentration extrême marque souvent un chasseur à vie.
Pour optimiser vos chances, je recommande toujours ces étapes:
- Identifiez clairement l’espèce avant de tirer
- Attendez que l’oiseau soit à bonne portée (30-35 mètres maximum)
- Anticipez la trajectoire avec un bon coup de devant
- Maintenez votre mouvement après le tir
Ma première prise fut un magnifique colvert mâle. Malgré mes années d’expérience, je ressens encore cette même vibration particulière à chaque sortie. C’est peut-être ce sentiment d’immersion totale dans la nature sauvage qui rend cette chasse si addictive.
Le respect du gibier prélevé fait partie intégrante de cette expérience. Un chasseur responsable utilise ce que la nature lui offre, sans excès ni gaspillage. Dans mon cas, chaque canard prélevé finit en terrine ou en confit – des recettes que je me ferai un plaisir de partager avec vous lors de votre prochaine visite à l’armurerie!