Chasser sous la pluie : ma plus belle leçon d’humilité

Damien

Chasser sous la pluie : ma plus belle leçon d’humilité

Je me souviens encore de cette journée comme si c’était hier. Le ciel gris, lourd de nuages menaçants, et moi, têtu comme une mule, décidé à ne pas annuler ma sortie chasse malgré les prévisions catastrophiques. Après tout, j’avais vu pire en quarante ans de traque, non? Quelle erreur monumentale!

La préparation face aux éléments: une question de respect

Dans notre métier d’armurier, on passe des heures à conseiller les clients sur le choix de leurs équipements. La précision d’une arme et la qualité des optiques sont essentielles, mais combien de fois ai-je vu des chasseurs négliger leur équipement de protection contre les intempéries?

Ce matin-là, j’avais tout préparé méticuleusement: ma fidèle carabine Sauer 100 parfaitement huilée, des munitions adaptées au gibier recherché, ma lunette de visée Zeiss impeccablement réglée. Mais pour l’imperméable… disons que je m’étais contenté d’une veste « résistante à l’eau » plutôt que véritablement étanche.

L’humidité est l’ennemie jurée de toute mécanique fine, je le répète à longueur de journée dans mon armurerie. Pourquoi n’ai-je pas suivi mon propre conseil ce jour-là?

Voici ce que j’appelle désormais ma « checklist de l’humble », élaborée après cette leçon:

  • Vêtements véritablement imperméables (pas juste déperlants)
  • Protection adaptée pour l’arme et la lunette
  • Sac étanche pour les munitions et l’électronique
  • Plan B en cas de détérioration météo
  • Humilité face aux éléments (parmi les plus le plus importants!)

Quand la nature rappelle qui commande

Trois heures après mon départ, la « petite averse » s’était transformée en déluge biblique. L’eau ruisselait dans mon cou et s’infiltrait partout malgré mes efforts désespérés. Ma carabine, normalement si fiable, commençait à montrer des signes inquiétants d’humidité excessive.

J’étais à mi-chemin de mon poste d’affût quand la pluie redoubla d’intensité. Le bruit de l’eau frappant la canopée était si fort qu’il masquait tous les autres sons forestiers. Autant dire que débusquer le moindre gibier relevait désormais de l’utopie.

Un tableau comparatif s’imposa alors à mon esprit, entre ce que je croyais et la réalité brutale:

Mes illusions La réalité sous la pluie
Visibilité acceptable Moins de 50 mètres de vision claire
Discrétion dans mes mouvements Terrain boueux et glissant, bruits de déplacement
Fiabilité de mon équipement Mécanismes compromis par l’humidité
Confort minimum Inconfort total, concentration impossible

La sagesse acquise dans l’adversité

Le moment décisif arriva quand, par miracle, un magnifique cerf apparut à travers le rideau de pluie. Une opportunité rare et précieuse que tout chasseur attendrait des jours entiers. Mais quand j’ai épaulé et visé… le coup n’est jamais parti.

L’humidité avait atteint le mécanisme de détente. La nature me rappelait brutalement que je n’étais qu’un invité dans son royaume, et un invité mal préparé qui plus est.

Cette expérience m’a profondément marqué. Depuis, dans mon armurerie, je raconte souvent cette histoire aux jeunes chasseurs trop confiants. La chasse sous la pluie n’est pas impossible, mais elle exige une préparation minutieuse et des équipements spécifiques.

J’ai appris qu’il existe une beauté particulière dans ces journées pluvieuses en forêt. L’odeur de l’humus qui s’intensifie, la façon dont le comportement du gibier change, les traces plus nettes dans la boue fraîche. Mais pour apprécier tout cela, il faut s’y préparer adéquatement.

L’art d’apprendre de ses erreurs

Aujourd’hui, quand un client me demande conseil pour chasser par mauvais temps, je prends le temps nécessaire. Ce n’est plus juste une question de vente d’équipement, mais de partage d’expérience.

Cette leçon d’humilité sous la pluie m’a rendu meilleur chasseur et meilleur armurier. Elle m’a rappelé que notre passion n’est pas une confrontation avec la nature mais une communion avec elle, qui exige respect et préparation.

La prochaine fois que vous passerez la porte de mon armurerie et que vous me verrez sourire en regardant la pluie tomber par la fenêtre, vous saurez pourquoi. Ce n’est plus un obstacle, mais un rappel permanent que la nature sera toujours notre plus grand maître.

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